Anticiper l’évolution du massif, lutter contre la dégradation des paysages, …
ne relèvent pas d’interventions ponctuelles mais d’un travail de fond partenarial mené par les collectivités en lien notamment avec les agriculteurs locaux.
Dans le cadre des journées européennes du patrimoine, des sorties "BALLADES ELEVAGES ET PAYSAGES " sont organisées sur toute la FRANCE le dimanche 15 septembre 2013. Cécile et Olivier GRAND du GAEC du PINET participent activement à cette journée et accueilleront le public, sur leur exploitation à Poleymieux au Mont d'Or.
La richesse du patrimoine rural et de ses paysages fortement liée à l'activité d’élevage est désormais reconnue dans le cadre des journées européennes du patrimoine.
Afficher en permanence ce rôle de l’agriculture ne suffit pas. Nous avons le devoir, dans un souci permanent de développement durable, d’analyser les conditions du maintien de l’activité agricole mais avec le regard de la satisfaction de l’intérêt général.
En fait derrière le maintien d’une activité agricole, notamment dans le périurbain, se cachent deux enjeux majeurs :
- un enjeu culturel : la grande majorité de la population de plus en plus urbaine perçoit d’abord les espaces naturels et agricoles comme des espaces de loisirs et non comme les espaces de productions animales, végétales, et de biodiversité qu’ils sont et ont toujours été.
- un enjeu de société : comme dans de nombreux domaines l’agriculture est révélatrice de l’absence d’un vrai projet de société
Dans ces conditions chacun à l’échelle de sa zone d’influence peut agir. C’est ainsi que les communes des Monts d’Or, le Département du Rhône et le Grand Lyon agissent depuis plus de 20 ans maintenant.
Dés 1990, sur le massif des Monts d’Or les collectivités ont posés la première pierre d’un partenariat avec les agriculteurs locaux. En effet l’analyse du territoire (hors plaine agricole des Chères), confiée à la Chambre d'Agriculture du Rhône, réalisée par les agriculteurs, avait permis de cartographier et de quantifier 3 grands types de terrains qui se répartissaient en :
- 1/3 de terres économiquement viables
- 1/3 de terres moyennes à médiocres qui sont sous exploitées ou seront les premières abandonnées,
- 1/3 de terres abandonnées avec friches plus ou moins développées
L’absence de gestion se traduisait alors soit par le développement de la friche et la fermeture progressive des paysages, soit par la pression de la constructibilité des terrains et par un étalement urbain en tâche d’huile comme seules alternatives à cet abandon.
Face à cette situation des conventions de partenariats pour le maintien d’une activité économique agricole et la gestion de la qualité de l’espace dans les terrains susceptibles d’abandon, sont imaginées en 1990 et mise en place en 1992 pour la première fois sur 16 hectares.
Dés le départ les associations de chasse des Monts d’Or ont adhéré au dispositif pour favoriser la petite faune (lapins, lièvres, faisan, chevreuil, …) par le maintien d’une diversité des habitats (un prochain article abordera le thème de la gestion pragmatique de la biodiversité en partenariat avec les propriétaires, les associations de protection de la nature et de chasse).
C’est ainsi qu’en 2013, sur un peu plus de 1000 ha de terres agricoles du massif, 275 ha environ sont gérés sous convention par les agriculteurs et 25 ha par les associations de chasse.
Mais assurer le maintien d’une activité agricole ne suffit pas :
- il faut éviter une dérive vers le simple « entretien de l’espace » et la transformation de l’agriculteur en jardinier alors que sa fonction d’intérêt général est d’être un producteur respectueux de son environnement, garant au minimum de l’autosuffisance alimentaire nationale,
- il faut préserver les outils de production (foncier + bâtiments) et leur transmissibilité à chaque cessation d’activité.
Outre le contexte économique de la mondialisation des échanges, cette préservation des outils de production nécessite de prendre en compte et d’anticiper trois tendances lourdes:
- L’arrêt de la reprise des exploitations par les filles ou fils d’agriculteurs. Cette rupture a été totalement sous-estimée. Désormais un agriculteur qui veut s’installer ne bénéficie plus de cette transmission par héritage. Il doit faire face à des investissements plus lourds pour la reconstitution d’un outil de production qui ne se limite pas au foncier mais concerne aussi les bâtiments d’exploitation et le logement. A chaque cessation d’activité l’unité foncière se trouve éclatée en autant de morceaux que de propriétaires différents.
- La disparition progressive des sièges d’exploitation existants. Historiquement les fermes étaient souvent implantées dans ou à proximité des bourgs qui depuis se sont densifiés et étalés. Dans les Monts d’Or une analyse des exploitations a montré que sur 12 sièges d’exploitation étudiés 10 sont noyés dans l’urbain, perdront à terme leur vocation agricole, et posent le problème d’implantation des nouveaux bâtiments.
- La difficulté de trouver un logement à des prix compatibles avec les revenus agricoles pour un agriculteur qui s’installe, dans la banlieue lyonnaise et a fortiori dans les Monts d’Or.
Dans ce contexte les collectivités ont agit et continueront patiemment d’agir :
- une politique de constitution progressive d’un portefeuille foncier a été mise en place pour lutter contre la spéculation sur le prix des terrains, favoriser les installations d’agriculteurs, les réorganisations foncières,…
- une convention de partenariat avec la SAFER a été signée, pour assurer une vigilance et des interventions foncières permanentes,
- des investissements dans des bâtiments agricoles (chèvrerie fromagerie bio à Limonest, maraîchers bio à Curis) ou des logements (ancienne maison du gardien du parc de Curis) sont réalisés,
- des installations sont soutenues à chaque opportunité dans une logique de développement des circuits courts et de diversification des productions (maraîchers, fromagerie chèvrerie, farine et pain, …),
- un comité de pilotage, véritable guichet unique regroupe notamment le Département, le Grand Lyon, la Région pour la mise en œuvre d’un programme pluriannuel d’actions concernant les espaces naturels et agricoles (programme PSADER PENAP)
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C’est un véritable travail de fond qui est engagé depuis de nombreuses années.
Il dépasse la durée des mandats électoraux et trouve des échos tant dans la société civile:
- dimension humaine de l’agglomération,
- développement des AMAP,
- recherche de produits locaux et de liens avec les producteurs,
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que dans les grandes orientations d’aménagement du territoire:
- lutte contre l’étalement urbain et la consommation des espaces naturels et agricoles,
- maintien au minimum d’une autosuffisance alimentaire,
- sécurité alimentaire qualité et traçabilité des produits,
- développement des circuits courts ,
- réchauffement climatique et réduction des émissions de gaz à effet de serre,
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