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Les cabornes

A la découverte des cabornes

Légués par les habitants du temps passé, de curieux abris en pierres sèches parsèment les Plaines Monts d'Or. Tous différents, petits ou grands, ronds, carrés ou rectangulaires, ils sont remplis de surprises. Ce mini site permet de faire leur connaissance et de les reconnaitre lors de vos promenades autour de Lyon. On les appelle ici cabanes ou cabornes.

Cabornes à Saint Romain, près de la grotte de Luée, dans un site de pierres et de taillis
Cabornes à Saint Romain, près de la grotte de Luée, dans un site de pierres et de taillis

Informations pour vos promenades proches de Lyon :

C'est sur les communes de Saint-Cyr et de Poleymieux que l'on rencontre le plus de constructions en pierres sèches.

Les noms et les choses...
Ou la fâcheuse habitude d'aller chercher si loin ce qui est proche

Nous visitons l'Irlande et ses enclos, la Sardaigne et ses nuraghi. Bon voyage à l'étranger !

Nous visitons le Lubéron et le village des bories. Bon séjour en Provence ! Nous visitons la Bretagne, ses cairns et ses tumulus à chambres. Bonnes vacances ! Nous visitons le Beaujolais et les cadolles de Theizé. Bon vin !

Et pourtant, connaissons-nous les Plaines Monts d'Or lyonnais et leurs constructions en pierres sèches ? Elles sont de tous genres : murs de clôture et de chemins, murs de soutien de terrasses agricoles, tumulus, tunnels pour l'exploitation des carrières et puis, comme disent les touristes, des bories.

Dans les Plaines Monts d'Or lyonnais, ces abris en pierres sèches s'appellent cabanes ou cabornes.


Caborne jumelée aux limites de Saint-Cyr et Saint-Romain

Bories, cadolles, cabornes, ailleurs capitelles (région de Nîmes), chibottes (dans le Velay), caselles (dans l'Hérault et le Lot), ces abris sont construits sans mortier, y compris leur voûte. Ce sont des constructions en pierres sèches. Il fallait beaucoup d'habileté, et d'expérience pour Ies construire.

Les Monts d'or : un haut lieu de la construction « à sec »

Le mode de construction à sec, uniquement avec des pierres, sans charpente ni mortier de liaison, a permis l'édification de nombreux ouvrages, cabanes ou cabornes notamment.

Il n'est pas facile de les décrire, tant ils sont variés et souvent bien cachés.

  • Certains de ces abris présentent une apparence extérieure qui leur donne leur identité. Ils peuvent être visibles de loin.
  • D'autres ne sont que des cavités aux formes diverses dans les tas ou les constructions en pierres, et n'en occupent qu'une petite partie. Ils ne sont identifiables que par leur entrée, mais ce sont aussi des cabornes.


Les cabanes du Robiat à Poleymieux. Dans un mur de soutènement.
L'une d'entre elles abrite une fontaine.

Le nombre des cabornes dans les Plaines Monts d'Or était incroyable

Au XIXème siècle, il pouvait y avoir entre 1.000 et 2.000 cabornes dans les Plaines Monts d'Or, pour 7 à 8.000 hectares.

Dans les années 1980, un recensement des cabornes, sous l'impulsion du Préinventaire des Monuments et Richesses Artistiques du Département du Rhône, a révélé l'existence de 545 cabornes pour les 11 communes adhérentes au Syndicat Mixte des Plaines Monts d'Or. Un recensement complet aurait sans doute abouti à un chiffre supérieur à 400 abris.

Il est intéressant de faire la comparaison avec un recensement de 1955, opéré par un architecte et un scientifique, M.M. ROUX et CMAZOT, sur une zone d'une vingtaine d'hectares, les Essarts à Saint-Didier. A cette date, le chiffre trouvé par l'un des chercheurs était d'environ 125 cabornes. Actuellement, il n'en reste plus que 4 ou 5.


Voute en encorbellement

Certains bancs de pierres jaune ou pierres dorée, se divisent facilement en dalles ou en dallettes : c'est le matériau idéal pour monter les voûtes des cabornes et quelque fois la caborne entière.

Le caractère clivable des calcaires des Plaines Monts d'Or, l'existence de véritables gisements de dalles ou dallettes a facilité la construction de ces abris en grand.

Chaque Caborne est originale

Lorsqu'on visite l'intérieur des cabornes, on est frappé par la variété des lieux et de la construction. L'entrée, le plan, la voûte, les dimensions, tout diffère.

L'entrée

L'entrée donne l'orientation de l'abri. Très souvent elle s'ouvre vers l'est, vers le soleil levant. Cela signifie que le refuge tourne le dos aux vents dominants et porteurs de pluie. Rares sont les cabornes orientées au nord, car les rayons du soleil ne peuvent alors jamais y pénétrer. Les autres orientations dépendent plutôt de la pente du terrain et de l'existence d'ouvrages préexistants.

La forme de l'entrée est capitale. Rectangulaire, elle acceptera une porte en bois afin de conserver la chaleur intérieure. La caborne devient donc habitable. Le sommet de l'entrée est constitué par un linteau de chêne ou par une pierre équarrie.

Souvent, la forme de l'entrée est fantaisiste ou irrégulière, et les pierres des jambages se réunissent grâce à un encorbellement. Dans ce cas, on économise un linteau, l'entrée est plus jolie, mais l'abri n'est plus adapté aux froids de l'hiver.


Les pieds-droits (ou jambages) de la porte sont d'une seule pierre (monolithe), permettant l'installation d'une porte
Ici, les jambages de la porte sont constitués d'un empilement de dalles

Le plan intérieur

Plan carré, rectangulaire, circulaire, à deux angles droits et deux angles arrondis, tout est possible. N'a-t-on pas visité un jour une caborne dont l'intérieur était en forme d'escargot ! Son toit s'étant effondré, le propriétaire la démonta. Si les murs de l'abri sont construits selon un plan carré, on regardera comment les constructeurs ont raccordé à ces murs la coupole qui les surmonte.

La voûte (en encorbellement ou à claveaux)

C'est par la voûte que les cabornes se distinguent le mieux les unes des autres. Il existe en effet deux techniques pour les construire.

La première est la plus répandue. Elle consiste à disposer le toit de l'abri avec des dalles ou dallettes à plat, chaque rangée de dalles avançant vers l'intérieur de la construction jusqu'à fermeture du dispositif, nul besoin de disposer un échafaudage en bois lors de la construction : la pose circulaire ou plus ou moins ovale des rangées successives s'opère sans soutien. Les dalles ne sont pas disposées horizontalement mais avec une légère pente pour rejeter vers l'extérieur les eaux de pluie. La voûte ainsi obtenue porte le nom de voûte en encorbellement.

La deuxième technique est la plus connue : c'est celle de tous nos bâtiments de prestige des siècles derniers. Des pierres portant le nom de claveaux sont disposées sur une structure provisoire de bois appelée cintre, jusqu'à la pose du dernier claveau, le plus haut, en position centrale. On démonte alors le cintre et la force de gravité se charge de faire tenir la voûte à claveaux.


Voûte à encorbellement et voûte à claveaux
La voûte est construite de dallettes qui s'avancent les unes sur les autres.
Elle est construite à l'aide d'un cintre en bois.

 

Habitants des cabornes

Certaines cabornes ont été habitées. Les personnes les plus âgées de Couzon, de Saint-Romain, de Saint-Cyr, se souvenaient, il y a quelques années, de leurs habitants que l'on appelait, à Saint-Romain, des cabornis ou des caborniers. Ils y habitaient de façon permanente ou pour une saison, souvent l'hiver, s'ils étaient forestiers.

Après la dernière guerre, en attendant de trouver un logement, quelques personnes se sont abritées pour un temps dans les cabornes. A côté de l'une d'elle, à Saint-Cyr, se trouve encore un petit lavoir en ciment, qui apporte la preuve de cette occupation récente.

Il arrivait que l'on mette quelques chèvres ou quelques moutons à l'abri dans une caborne dont l'ouverture donnait sur un enclos. Plus fréquemment, on y entreposait les outils, voire les charrues.


Caborne jumelée, chemin du Chêne à Poleymieux

Les cabornes étaient aussi bâties sur des puits, des fontaines, des sources. Ces abris avaient tous une utilité.

Ancienneté des cabornes

Si on ne l'entretient pas, une caborne ne résiste pas très lontemps : les pierres se disjoignent sous la poussée des racines et des troncs d'arbres. Les plus âgées ont environ 200 ans. Si la caborne est bien construite et entretenue, quelquefois bien restaurée, elle peut demeurer des centaines d'années.

Les cabornes ont été construites par les gens du pays, agriculteurs ou vignerons, mais aussi par des carriers et des maçons, qui ont peuplé les Plaines Monts d'Or à certaines époques, notamment lors de la construction de l'aqueduc romain.

A l'époque de la Renaissance, au XVIème siècle, les carrières des Plaines Monts d'Or ont été exploitées par un grand nombre d'extracteurs, de tailleurs de pierre, de transporteurs.

Ce qui explique peut-être la multiplication des cabornes des Plaines Monts d'Or.


Caborne de Pélossey à Couzon, au-dessus de la carrière aménagée par le Service des Eaux

Les plus petites cabornes ne peuvent abriter qu'un seul homme. Ce sont de simples enfoncements dans le parement d'un gros mur. Les spécialistes les appellent des guérites. Une pierre saillante, à l'intérieur, permet de s'asseoir. Les plus grandes cabornes peuvent aisément contenir une vingtaine de personnes.

La visite des cabornes

Les cabornes se trouvent pour la plupart sur des propriétés privées, même celles qui sont en bordure de chemins. Leur accès n'est possible qu'avec l'autorisation des propriétaires.

Certains de ceux-ci ont passé un accord avec le Syndicat Mixte des Plaines Monts d'Or pour autoriser ces visites. C'est le cas pour les cabornes qui se situent le long du chemin du Chêne, en remontant de la Puse à Poleymieux (prendre le chemin du cimetière dans le Vieux Poleymieux). Il est prévu de les signaler par des panneaux.

>> Voir également le sentier des cabornes


Caborne à chambre double, au-dessus du lieu-dit la Puse, dans les vignes, après le cimetière de Poleymieux

Toutes les constructions en pierres sèches des Monts D'or font partie d'un patrimoine ancien à protéger

Certaines cabornes sont en cours de restauration.

Promeneurs et visiteurs sont invitës à participer à l'entretien de ce patrimoine en respectant :

  • Les structures en pierres sèches et leur environnement : chemin d'accès, murs, arbres, végétation naturelle.
  • Le travail des agriculteurs : semis, cultures, arbres fruitiers, clôture


 

Attention :

Les cabornes sont fragiles, ne manipulez pas leurs pierres.
Ne laissez pas les enfants monter sur leur toit, la surcharge pourrait en provoquer l'effondrement.
Marchez sur les chemins et les sentiers.

Suggestion :

Parcourez les sentiers balisés commentés sur le topoguide « A la découverte des Plaines Monts d'Or » en vente à la Mairie de Limonest.
Visiter le sentier des Cabornes à Poleymieux.

Les lieux à forte densité de cabornes